L’éducation des basiques : Savoir aimer son jean

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C’est mon tout premier article, me voilà tout ému. Je suis Julien, et j’espère nourrir allègrement les rubriques du Melting Potes qui seront mes terrains de jeu. J’essaierai de vous y faire découvrir plein de choses, et de traiter de ce qui me passionne. Mon but est d’offrir un contenu de qualité, long, documenté et léché. La rubrique mode commencera par une série qu’on pourrait nommer « S’ouvrir des perspectives », mais n’étant pas un adepte des cérémoniaux pompeux je ne lui donne pas de nom. Elle sera composée de plusieurs articles qui viseront d’abord à vous initier aux basiques pour construire une esthétique de vie à travers la mode. Aujourd’hui, le jean.

Première étape de notre périple donc. Le jean, vaste et passionnant sujet. Le jean est aujourd’hui bien plus qu’un simple vêtement, certains fous (oui, moi) lui vouent un culte halluciné et ne peuvent empêcher spasmes et tremblements quand ils enfilent leurs jambes dans la toile épaisse. Symbole du cowboy d’antan, du japonais méticuleux, cette pièce phare du vestiaire masculin est un véritable révélateur de la tendance actuelle des hommes qui se tournent vers la qualité. Ces hommes qui oublient la notion du made in. Ces hommes qui font fi de leurs préjugés et cultivent l’audace de se documenter sur les vêtements, de demander de la qualité et de refuser de se faire prendre pour des consommateurs décérébrés. Si la providence vous a guidé vers cet article vous êtes en terrain conquis.

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Les cowboys d’aujourd’hui : jean brut et moto.

Nous reprendrons ensemble tout depuis le début sur le jean. J’essaierai d’y mettre tout ce que je sais, tout ce que j’ai pu lire et découvrir sur ce facteur authenticité. Peut-être certains points, ou même tous vous seront déjà connus. Néanmoins ça ne peut qu’être un plus d’essayer de regrouper en un seul et même lieu toutes ces connaissances pour pouvoir y piocher plus tard. Je partagerai allègrement des marques que j’adore, pour vous inspirer dans vos futurs achats.

En avant mes amis, c’est ici que l’aventure démarre.

Dora
Suivez Dora, let’s go !

 

 

Un peu d’histoire du jean

Enfin, l’aventure commence plutôt à Gênes.

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Voici ce qu’on trouve sur Google image en tapant Gènes…
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Moi je parle de Gènes en Italie. C’est pas trop mal pour commencer une histoire.

Et tout logiquement c’est la toile de jean qui fut inventée avant que le pantalon tel qu’on le connait ne soit dessiné. Un peu comme pour le fil à couper le beurre, c’est le beurre qui a été inventé en premier. Sinon ça n’aurait pas de sens. Nous sommes alors au XVIème siècle et la République marchande de Gènes vend à travers l’Europe sa toile de jean, constituée de laine et de coton. Ça ressemble à du coton côtelé, on est donc encore loin de la texture qu’on lui connait. Parmi les clients friands de cette toile, l’Angleterre et Nîmes, et l’achètent pour leurs toiles de bateaux, leurs bâches, et pour confectionner des pantalons solides pour les marins.

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On n’est pas encore à ce stade à l’époque.
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Voici à quoi ressemblaient les tentes en jean. Image d’époque exclusive.

C’est d’ailleurs grâce à nos collègues tisserands de Nîmes qu’on doit le mot Denim. En effet, fascinés par cette toile de Gênes ils cherchèrent à la reproduire. Jusqu’à ce qu’au XVIIème siècle ils aboutissent à une toile de coton à armure de serge (enchanté, moi c’est Juju). Serge de Nîmes qui est devenu avec l’érosion du temps le Denim. La toile était ensuite teinte à Gênes, grâce à deux plantes, l’indigotier ou le pastel des teinturiers. Toutes les deux étant source de pigments bleus. Le bleu de Gênes est né, puis passé à l’essoreuse des bouches anglophones le Bleu de Gênes devient le Blue Jeans. C’est pas des génies en orthographe nos voisins moustachus.

Note de Hans : Voilà ce que je trouve sur Google en recherchant « anglophones moustachus »…

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Je commence à douter de l’intégrité de cet article…

C’est là qu’un immigré Allemand venu au nouveau monde entre dans l’histoire. Il tient un commerce de tissu et de vêtements, sur la côte ouest américaine durant la période de la ruée vers l’or. Je vous le donne en mire, ce joyeux luron s’appelle Levi Strauss. Il fournissait aux chercheurs d’or des toiles de tentes et des bâches en denim. Jusqu’à ce qu’il rencontre un tailleur, Jacob Davies qui exerçait dans le Nevada. Attention spoiler, lui il est plutôt pas con. Celui-ci lui commanda de ce solide tissu pour confectionner un pantalon de travail pour un bucheron. Il a l’idée d’y ajouter des rivets de cuivre au niveau des poches et de la braguette pour que le montage puisse résister aux activités viriles du gros barbu. Son pantalon fait un tabac, alors flairant le bon filon il s’associe avec Levi Strauss, puis dépose le brevet qui sera accepté en 1873.

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Un des premiers jeans de l’histoire. Pas facilement portable.
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Félicitations mssieur, vous êtes devenu riche !
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Les bureaux de Levi Strauss à San Francisco en 1866. Ça devait être triste la vie sans couleur à l’époque.

C’est ainsi que le blue jeans fut lancé, dieu merci, difficile de faire un article sur ce produit s’il n’avait pas été inventé.

Après ce passage sur l’histoire du jean nous allons maintenant nous concentrer sur ce qui nous intéresse : comment le porter, quels détails regarder, comment faire un bon choix ? Pour pouvoir répondre à toutes ces questions il faut se construire un bagage de connaissances solide. Cet article est donc là pour se charger de cette mission.

Quelle coupe et quelle couleur ?

Il y a plusieurs coupes qui se partagent le marché, telles que la coupe droite, slim ou semi slim. Je ne cite que ces trois puisque je vous conseille de ne vous axer que sur celles-là et de vous orienter sur une des trois en fonction de votre morphologie. La coupe slim est plutôt adaptée aux physiques longilignes tandis que la coupe droite est adaptée à ceux qui ont des jambes fortes. La coupe semi slim offre un très bon compromis car elle s’adapte très bien à un grand éventail de morphologies.

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La légendaire coupe droite du 501 de Levi’s qui, vous en conviendrez, convient parfaitement à la morphologie forte de ces deux bons hommes. Fans de la première heure de Justin Bieber.

jean-NudieCe jean de chez Nudie conviendra à tous types de silhouettes, avec sa coupe semi slim. Leur boutique

Bon ça c’est juste la théorie. Car les marques de jeans aiment bien nous compliquer la vie avec des noms de coupes nombreuses. Alors pour vous simplifier la vie je vais vous faire une petite liste des noms de coupes utilisées par les marques. Ne les apprenez pas par cœur, retenez juste que cet article est un pense bête. Comme ça si vous avez un petit trou de mémoire, hop Le Melting Potes est là pour vous aider ! Ça fait plaisir.

  • Regular : C’est la coupe droite. Purement et simplement.
  • Straight : C’est une coupe un peu plus ajustée que la coupe droite. Elle est notamment plus resserrée au niveau des cuisses et des chevilles. Elle s’adapte bien à tout le monde.
  • Bootcut : Une réinterprétation de la patte d’éléphant. Une manière plus classe de la nommer. Elle est droite au niveau des cuisses pour s’évaser au niveau des chevilles.
  • Tapered : Celle-là c’est la coupe fuselée. Le parfait opposé de la coupe Bootcut puisque la coupe au niveau des cuisses est droite pour ensuite être ajustée aux chevilles.
  • Slim : Pas besoin de vous en dire plus.
  • Slim straight : Equivalent de la semi slim.
  • Slim tapered : Là ça commence à rentrer dans les nuances compliquées. Je vous traduis simplement la définition du site de Dockers : Ajusté et confortable au niveau des cuisses et du bassin, fuselé à l’ouverture de jambe. On a donc le même schéma que pour la coupe tapered, sauf que c’est simplement plus ajusté.
  • Skinny tapered : Exactement pareil mais en encore plus ajusté.

Les trois coupes qui correspondent à la majorité des physiques sont donc la straight, la tapered et la semi-slim. La slim tapered se tient en embuscade derrière ces trois coupes, elle aussi est assez polyvalente.

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La coupe slim tapered avec ses copains en embuscade.

Quant à la couleur la palette est très large. Le grand classique que je recommande vivement d’avoir c’est le jean brut. Cette désignation signifie que la toile a juste été teinte en bleu indigo et n’a ensuite reçu aucun traitement sur sa couleur. Le résultat donne donc cette couleur sombre qui se patine avec le temps. C’est une caractéristique très poétique qui donne au jean un aspect vivant avec ses reflets bleus pastel. Ce signe du temps qui a travaillé la toile donne au porteur ce sentiment d’avoir sur sa peau un vêtement unique avec qui il a partagé les mêmes expériences. Il y a un aspect affectif qui émerge en plus de l’aspect esthétique du vêtement. Pour arriver à vivre une telle expérience il faut par contre que la toile soit de qualité pour passer les années sans se désintégrer. Cette patine du temps est un graal recherché par de nombreux hommes et est un argument de vente des marques qui fournissent des toiles capables de durer des années.

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Délvage-Naked-And-FamousVoici la patine hallucinante d’un jean de la marque Naked and Famous qui est une vraie mine de toiles incroyables, dans le sillage de Brandon Svarc, un véritable passionné de jean. Leur boutique

 Momotaro-DélavageLa marque japonaise Momotaro n’est pas en reste en ce qui concerne les patines. A signaler qu’il y a quelques fois de très bonnes affaires sur ebay. Leur boutique

renhsen-jean Vous pouvez trouver de très beaux jeans bruts chez Renhsen. Leur boutique

Cette patine peut aussi être créée artificiellement sur la toile de jean, en lui astreignant des traitements après qu’il ait été teint en indigo. Ce délavage peut être parfaitement maîtrisé comme être tout à fait raté et donner une impression de mauvaise qualité. Le but de cette technique est d’atteindre cet état de grâce du jean brut qui a vieilli et a acquis des nuances avec le temps, mais en ayant une toile neuve. Cette technique demande un vrai savoir-faire et coûte très cher. C’est pourquoi les marques qui se placent dans un créneau accessible ont souvent une offre de jeans délavés à l’aspect un peu cheap. C’est donc une catégorie de jean que je ne conseille pas aux débutants qui auront du mal à apprécier rapidement si la patine a été bien faite et si l’aspect sera naturel. C’est pourquoi il faut exercer son œil et observer sur soi-même et sur les autres les endroits où le jean vieillit.

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jean-délavé-edwinDeux jeans Edwin dont les délavages sont parfaitement maîtrisés. Leur boutique

Il existe de plus les jeans gris, les jeans blancs et les jeans noirs. Chacun ayant ses codes que je vais m’efforcer de vous exposer. Avec plaisir les gars.

  • Le jean gris est le passe-partout parfait, comme le jean brut. Le gris se marie très bien avec toutes les couleurs qu’on peut retrouver dans le vestiaire masculin et apporte un twist intéressant en donnant du relief à la tenue. En effet si la teinte est bien faite on aura l’impression d’un pantalon qui a vécu grâce aux plis qui marquent bien l’ombre, et à la patine naturelle de la couleur. Il est facile à comprendre que les ombres se projettent mieux sur un fond clair qu’est le gris, contrairement au bleu indigo sombre du jean brut.

jean-gris-bonne-gueuleLe très beau jean gris Bonne Gueule dont on peut apprécier le drapé. Leur boutique

  • Le jean noir est lui réservé à plusieurs franges de la grande population du style (prononcer « staïle »). Il s’adresse plutôt aux styles rock et aux adeptes d’un style un peu plus dark. Ça veut dire respectivement caillou et sombre. Ça a moins de charisme je vous l’accorde. La particularité de ces deux styles est qu’ils sont difficiles à porter parfaitement car ils demandent d’être aguerris et d’avoir de l’expérience. Il sera porté dans une coupe slim ou semi-slim et idéalement avec des matières brutes telles que le cuir ou des laines des montagnes bien badass.

jean-noir-naked-and-famousUn jean noir de Chez Naked And Famous, à porter torse nu en festival.

  • La dernière possibilité est le jean blanc. Il est à la presque unanimité considéré comme un faux pas stylistique. Le pantalon du kéké quoi. Pourquoi la presque unanimité ? Car un peuple persiste encore et toujours à proposer des styles fantastiques avec le jean blanc, les italiens. Le jean blanc est un des chouchous de nos amis transalpins habitués à un climat un peu plus doux. Ils sont déterminés à trouver l’élégance là où les autres, les guindés, trouvent du mauvais goût. Ça fait aussi partie intégrante de leur philosophie de la sprezzatura, science de la nonchalance, ou comment donner l’impression que le style est un talent naturel. Cette nonchalance se retrouve dans des détails tels que le pan arrière de la cravate laissée apparent. Mais on retrouve aussi la sprezzatura dans leur facilité à s’approprier des pièces jugées difficiles à porter, et de les rendre sublimes. C’est le cas du jean blanc, qui apporte alors à leur tenue une décontraction et une vitalité que seul un virtuose du style peut arriver à atteindre. Ce degré de badassitude demande beaucoup d’années de travail, et de se casser souvent la gueule.

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alessandro-squarzi-3Trois photos d’Alessandro Squarzi, maître dans l’art du pantalon blanc. Son instagram de bogoss

Quels détails chercher dans le jean ?

Après avoir choisi le style du jean que vous voudrez porter il faudra s’intéresser à tous les détails qui le composent. Les sommes de caractéristiques qui rendront votre jean beau, résistant dans le temps, et agréable à porter. Donc je vais m’appliquer à référencer le plus possible de points à regarder lorsque vous décidez d’acheter un jean.

Premièrement, observez la toile.

Oui ! La toile, ce qui logiquement devrait crever les yeux mais que beaucoup de marques négligent et vendent à des prix déraisonnables (non Levi’s, je ne fais pas référence à toi, ne me regarde pas de travers comme ça. Enfin…). Vous avez peut-être oublié, au début de l’article j’ai parlé de notre ami Serge. Je vous ai bien eu, car Serge n’est en fait pas une personne mais une des trois principales armures de tissages. On entend par armure la manière dont les fils de trames et les fils de chaines sont assemblés pour former le tissu. Il existe aussi l’armure toile et l’armure satin. Alors qu’est-ce donc que l’armure de serge ? Eh bien je vais vous le dire. C’est un tissage où le fil de trame passe d’abord sous un fil de chaine, puis passe sur trois fils de chaine, et répète le motif. Une particularité est que chaque fil de trame consécutif décale d’un rang son passage sous un fil de chaine. Ce qui donne ce motif particulier de diagonale. Keuwa ? Ouais c’est pas tellement clair. Voici donc un schéma, c’est quand même plus sympa.

serge
Merci Wiki. Maintenant relisez les quelques lignes avant la photo. Voilà.

Pourquoi je vous parle de ça me demandez-vous ? Car vous vous doutez bien la diagonale peut être orientée vers la droite ou vers la gauche. Et ça, c’est un détail de puriste certes, mais qui change le toucher du tissu.

On différencie donc deux types de toiles :

La right hand twill dont la diagonale part de la gauche et monte vers la droite. Donc le sens des diagonales fuit votre main droite quand elle est enfoncée dans la poche de votre cher et vieux destrier de jean. C’est le tissage qui est le plus répandu dans le marché et il offre le toucher le plus lisse.

La left hand twill dont la diagonale fait le chemin opposé. Le tissu a lui un toucher plus doux, et est assez recherché des puristes, pour sa rareté et son twist quasi-invisible par rapport aux toiles traditionnelles.

Schéma-left-right-hand-twill

Néanmoins ces armures ont un défaut. En effet toutes les structures que l’on trouve dans la vie courante ont été réfléchies pour arriver à supporter les charges dans tous les sens. C’est pourquoi les ingénieurs du siècle dernier ont largement utilisé le béton armé car son armature en acier et sa matrice en béton supportent parfaitement toutes les charges de traction et de compression. En faisant l’analogie avec notre toile de jean on sent bien que lorsqu’on tire dans le sens perpendiculaire à la diagonale la toile ne se déformera pas car la structure opposera une excellente résistance. En revanche si on tire de part et d’autre de la toile de jean dans le sens des diagonales alors il va y avoir une déformation flagrante. Allé, un petit schéma :

Schéma-strcutre-jean

Ça c’est la tuile… Enfin, pas pour tout le monde car Wrangler a eu l’idée lumineuse de faire une toile pour laquelle l’orientation du tissage est aléatoire. Ainsi on a une impression très esthétique d’un vague nuage de point, et en plus le jean ne se déformera pas d’un pouce. Ils ont appelé ce tissage le broken twill.

broken-twill
Le résultat est appréciable.

Bon ça c’était l’apéritif, car mis à part quelques puristes qui sont inflexibles sur le tissage de la toile, ce détail doit rester un détail et non un critère d’achat. Donc maintenant place à ce qui doit être un critère d’achat : la masse surfacique de la toile, sa provenance et le type de toile denim.

Commençons par le type de la toile. Il en existe deux : le denim classique et le selvedge.

Pour bien comprendre la différence, un schéma s’impose :

schéma-selvedge

On voit bien que le fil de trame du denim classique est coupé à l’extrémité de la toile tandis qu’il ne l’est pas pour la toile selvedge. La toile selvedge ne s’effilochera donc pas sur ses bords tandis que la toile classique aura tendance à se désolidariser avec le temps. Il suffit pour comprendre cette différence de s’imaginer une feuille de papier qu’on a pliée en deux. Si on fait subir à la tranche de la feuille les mêmes traitements qu’à la tranche d’une feuille simple non pliée on s’attend effectivement à ce que la feuille pliée résiste mieux. Cette finition selvedge requiert plus de temps que de couper la toile sur les bords, et nécessite un métier à jet de navette. Ça rend donc le prix un peu plus élevé, et c’est donc un engagement de qualité pour la marque du jean. Même si on peut retrouver des toiles bas de gammes selvedge comme chez H&M et Zara, la finition est un indice de bonne qualité de toile. C’est une logique économique, si la marque investit dans des toiles selvedge elle a tout intérêt à ce que cette toile soit de qualité pour justifier le prix du jean.

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On voit bien le petit liseré rouge de la toile selvedge.
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Liseré que l’on retrouve à l’intérieur du jean tout le long de la jambe.

J’ai aussi cité le grammage du jean. Celui-ci est donné en unité de masse surfacique qu’est l’oz par mètre carré. L’oz est une unité de poids anglo-saxonne qui est équivalente à 28 grammes. Le jeans se divisent grossièrement en plusieurs catégories de poids :

Entre 9 et 11 oz : la toile est légère et est adaptée pour l’été. Idéal pour jouer au badminton.

Entre 11 et 13 oz : la toile est un peu plus épaisse, la plupart des jeans se trouvent dans cette gamme de poids. Le badminton avec les copains est encore envisageable.

Entre 13 et 16 oz : la toile est bien épaisse, pas vraiment adaptée aux températures chaudes, mais elle saura vous protéger en hiver. Elle durera d’ailleurs plus longtemps, car les frottements l’abimeront moins rapidement.

Au-delà de 16 oz : la toile est très épaisse, jusqu’à être inconfortable au début. Néanmoins le jean durera très longtemps et vous laissera donc le temps de l’user pour lui donner une patine incroyable. Là par contre vous pouvez dire adieu à la raquette et au volant. Ouais je sais, c’est injuste.

Le bon compromis est pour moi la catégorie de jean entre 13 et 16 oz, gamme dont les prix sont encore abordables et qui résistera quand même à l’usure du temps.

Enfin j’ai mentionné la provenance de la toile de jean. Il y a deux pays qui se partagent le monopole des toiles de qualités. Ceux qui ont inventé le jean, qui fait partie de leur culture, j’ai nommé les américains. Et ceux qui ont vécu pendant des nombreux siècles en autarcie avec le reste du monde, le Japon. Ces derniers ont tellement adoré ce pantalon que portaient les soldats américains qui occupaient leur sol durant la Deuxième Guerre Mondiale qu’ils se sont appropriés le savoir-faire américain, jusqu’à acheter de vieux métiers pour enfin arriver à un tel niveau de perfection que les toiles japonaises sont maintenant reconnues par de nombreux amoureux des jeans comme les meilleures toiles du monde.

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La magnifique toile Kurabo japonaise de la Japan Line de Bonne Gueule.
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Levi’s Vintage Clothing (ce n’est pas la même marque que Levi’s Made And Crafted, ce n’est pas la même qualité) utilise les toiles historiques américaines.

 

Alors maintenant qu’on sait tout ça, comment reconnaître une toile de bonne qualité ? Déjà, il est bon d’essayer de réunir tous les critères que l’on considère chez Le Melting Potes comme essentiels : une toile selvedge, entre 13 et 16 oz, et provenant du Japon ou d’Amérique. Néanmoins il existe aussi des critères esthétiques, et je vous rassure, ils sont assez instinctifs. La toile doit avoir un tissage régulier, mais un aspect à l’opposé de cette régularité, qui flaire la qualité. C’est pareil que l’histoire du bon et du mauvais chasseur.

Observez maintenant le montage qui fera durer votre jean

A quoi bon avoir la meilleure toile du monde si c’est pour que les coutures éclatent et que vos poches se trouent lamentablement ? A moins d’avoir pour ambition d’avoir des poches aussi profondes que le sac de Mimi Mathy. Il faut donc être vigilent sur les détails de montage que je vais vous énumérer.

  • Des points serrés

Les points serrés sont simplement l’assurance de coutures qui tiendront les années, sans sourciller, à l’instar (Alain star) de votre toile de cowboy. A ne pas confondre avec un pastis bien serré. Aucun rapport.

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Ça c’est des points bien serrés by Bonne Gueule.
  • Des points d’arrêt

Les points d’arrêts sont les coutures supplémentaires aux endroits sensibles qui permettent à la couture de ne pas céder aux tensions.

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Ça c’est un beau point d’arrêt sur le passant de ceinture, by Bonne Gueule. La tête à l’envers.
  • Les poches

Il faut vérifier que les poches de devant soient bien finies et que le tissu des poches est de qualité. Pour ça pas de secret, retroussez le pantalon. Puis au toucher et à l ‘œil vous pourrez vite savoir si la poche tiendra le coup.

Les poches arrières peuvent aussi être doublées, un détail intéressant quand on a l’habitude de ranger quelque chose dans les poches arrières. Sympa pour ranger sa pelle et son râteau pour aller à la plage.

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Et ça des poches bien entièrement doublées, par Bonne Gueule. Arrêtez de loucher sur mon cactus. Je vous vois.
  • Les détails de puriste

On passe aux détails pas du tout nécessaires mais qui rendent le jean plus authentique.

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La couture en points de chainette sur l’ourlet, très appréciée des amoureux du jean. Et de moi. Vous voyez pas la différence ? Pas grave, ça n’apporte pas grand chose à l’ourlet.
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La perfection poussée jusqu’à ce que le liseré selvedge se retrouve derrière la poche créée pour coincer les doigts du porteur de jean quand il y cherche des pièces de monnaie.

 

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Les rivets en cuivre, comme aux origines. A l’ancienne. Avec mes gars sûrs. Toi-même tu sais.

Enfin, quel est le prix à mettre et quelle taille choisir ?

Premièrement, le prix. Vous l’aurez sans doute remarqué mais tous les jeans que je vous ai proposés affichent un prix supérieur à 100€. C’est effectivement la somme que je vous conseille de mettre (hors soldes, on peut parfais tomber sur de très bonnes affaires, à condition de ne pas se tromper). C’est donc un investissement, mais qui s’étale sur plusieurs années. Si vous suivez mes conseils votre jean devrait durer 3 à 4 fois plus qu’un jean Zara (à 40€, je vous parle d’expérience), et même deux fois plus qu’un jean Levi’s (à plus de 100€, j’en ai aussi fait l’expérience). En plus de ça vous encouragez des marques qui ne trichent pas, vendent au bon prix et recherchent la qualité avant la publicité.

Pour le deuxième point il n’y a pas à trop réfléchir, la seule solution est d’essayer le jean. Vous devrez ensuite vérifier quelques paramètres pour vous lancer dans l’achat.

Le jean doit serrer à la taille, mais sans plus. On doit pouvoir être capable d’y glisser une main. Entre le gras du bide et la ceinture du jean. Élégant.

Néanmoins il doit parfaitement mouler les cuisses, jusqu’à avoir des difficultés à glisser les mains dans les poches car au bout de quelques semaines il se détendra. J’insiste sur ce détail, car la surprise est assez désagréable quand au bout de quelques mois le jean parait trop grand alors qu’on n’a pas pris un cm de tour de cuisse.

Et n’ayez aucune crainte s’il vous parait un peu lâche au début au niveau de votre fessier, avec les ports la toile s’adaptera et marquera bien le galbe. Trouvez un résumé de tout ce qu’il faut savoir dans cette mignonne petite infographie, ça ne peut que vous aider !

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Ne prenez pas exemple sur cette demoiselle, à coup sûr elle n’a pas lu mon article.

Note de Hans : Je crois qu’elle non plus !

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Sapass ?

Vous êtes maintenant armés pour choisir le jean qu’il vous faut. A plus tard pour parler d’une autre pièce du vestiaire masculin !

Note de Hans : Petit bonus « anglophones moustachus »…

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R E S T E C P

 

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