L’éducation des basiques : le chino

Pause Magazine

On continue sur la voie de l’éducation des basiques de la mode masculine. Cet article sera consacré aux chinos, pièce du vestiaire masculin indispensable, à l’instar de votre jean préféré. On verra ensemble que ce vêtement est un des plus facile à intégrer dans vos tenues, et qu’il n’y a vraiment pas à se prendre la tête.

Un peu d’histoire du chino, ça ne fait pas de mal

Comme le titre l’indique bien, et comme je procède à chaque fois dans les autres articles de cette série, on va un peu s’intéresser à l’histoire de ce vêtement.

Selon toutes vraisemblances (y a de quoi se la péter avec cette expression pompeuse), le chino a été inventé au XIXème siècle. Et l’histoire se répète, c’est les angliches qui l’ont inventé, et sa première utilité a été militaire.

Ça commence à bien faire, j’ai l’impression de toujours répéter la même chose dans ces parties historiques, sayé, j’me tire, je laisse tout tomber.

Maitre-Gims
Samvénère ! Quand j’me cogne le doigt de pied sur le coin du lit !

Non c’est trop nul comme ça, faudrait quelque chose de plus badass.

obama
« Julien Out »

Voilààààà, c’est mieux comme ça !

Après une brève relecture je me suis rendu compte que vous laisser vous démerder avec ça serait quand même assez dur. Donc je prends mon courage à deux mains, et je vous la fait cette histoire du chino. En synthétique bien sûr, car ce n’est jamais la partie la plus intéressante.

C’est donc Sir Henry « Harry » Burnett Lumsden qui en 1846 a eu la lumineuse idée d’inventer le chino. Il faisait partie de l’armée coloniale britannique et avait à sa charge une unité qui servait au Pendjab. Non ce n’est pas la contraction de pyjama, mais une région qui se situe entre l’Inde et le Pakistan actuels.

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Voilà l’état du Pendjab en Inde, histoire de vous situer. En rouge, pas en bleu. En bleu c’est l’océan.

Aujourd’hui c’est un petit état qui fait partie de l’Inde mais en réalité la région du Penjab s’étend aussi dans le Pakistan

Ce territoire était à l’époque (ça n’a d’ailleurs pas trop changé) très instable, et les britanniques qui régnaient sur l’Inde envoyaient régulièrement des troupes pour veiller sur la population. L’uniforme anglais était très coloré à cette époque. On les appelait les tuniques rouges les gars, par pour leurs coups de soleil. Sauf que comme on allait s’en apercevoir lors de la Première Guerre Mondiale, les couleurs vives n’étaient pas tops pour ne pas se faire voir.

sir
Enchanté Sir !

C’est là qu’intervient le dodu Sir Henry « Harry » Burnett Lumsden qui décida que son unité porterait des uniformes couleur poussière. Il serait composé d’un serge de coton ou de laine bien solide, et serait appelé « Khaki ». Pourquoi un tel nom ? Khaki vient en fait de l’ourdou (une langue parlée en Inde) « khāki » qui signifie « poussiéreux » et du perse « khak », qui signifie « poussière ». Le khaki est de suite adopté par tous les soldats en poste en Inde.

Ce pantalon se fait alors connaitre du monde entier. Par la suite, les explorateurs puis les G.I. et les stars hollywoodiennes se l’approprieront, chacun leur tour. Et bien sûr le grand public se fera un plaisir de porter ce vêtement fonctionnel.

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Eh oui, il écrivait en chino Hemingway, il se mettait à l’aise !
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Steve Mcqueen aimait le chino. Le chino le lui rendait bien. Leur histoire d’amour fut passionnelle.

Un vêtement facile à choisir, facile à porter

Un montage et des matières accessibles

Ce qui rend le chino aussi facile à choisir, c’est probablement qu’il ne nécessite pas une expertise de dingue pour faire un vêtement à la qualité raisonnable. Il suffit d’une toile en serge de coton, et le tour est joué.

Alors il existe quand même des points à respecter pour ne pas acheter un pantalon qui vous le fera regretter quelques mois plus tard :

  • Premièrement, la matière. Ça doit être du coton. Soit du 100% coton, soit du coton couplé à 2-3% d’élasthanne. L’élasthanne vous apportera du confort et de l’élasticité (#astuce).
  • Ensuite vous devrez regarder les détails qui composent le chino. Le minimum est que toutes les coutures semblent propres, et bien serrées. Après vous pouvez trouver quelques petits plus qui assureront au pantalon plus de longévité :
  • Les points d’arrêts au niveau des poches (un détail qu’on retrouve dans la grande majorité dans l’offre chino actuelle)
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On voit bien le point d’arrêt au bout de la poche, pour améliorer la solidité de la poche, très sollicitée.
  • Une fermeture éclair YKK
YKK
YKK est un leader du marché de la fermeture éclair, c’est l’assurance d’une bonne fermeture. Néanmoins ce n’est pas un critère rédhibitoire si la fermeture est d’une autre marque.
  • Fond de propreté
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Vous voyez le tissu ajouté à l’entre-jambe ? C’est ça le fond de propreté. Pour éviter que les frottements et la sueur n’usent trop rapidement le tissu à cet endroit.
  • Coutures intérieures gansées
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On voit bien la couture intérieure gansée grâce à l’ourlet. Ça permet d’avoir des coutures propres et qui ne s’effilochent pas. Et en plus c’est joli.
  • V d’aisance
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On voit bien le V formé à la ceinture. Un détail piqué au sartorialisme (l’art de porter les costumes). Idéal quand on a trop mangé, ou qu’on se retient d’aller aux WC par peur de faire trop de bruit. Pantalon AMI.
  • Ceinture de propreté
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Même principe que pour le fond de propreté, la ceinture de propreté est un ajout de tissu pour éviter l’usure prématurée du tissu du pantalon.
  • Coutures demi-lunes en renfort sur les poches passepoilées
AMI
On retrouve ce détail sur ce chino de chez AMI, on voit bien la demi-lune formée par la couture aux extrémités de la poche passepoilée. C’est une couture de renfort, mais en plus joli.
  • Enfin, la coupe. Tout comme la toile de jean, qui est aussi en serge de coton, la toile de chino se détend lors des premiers ports. Donc celui-ci devra vous serrer un peu (un peu hein, c’est évidement relatif, il ne doit pas laisser apparaitre votre paquet frontal qui fait votre fierté, et celle de votre papa), et bien maintenir vos fesses. Ensuite il devra se casser sur vos chevilles, sans faire trop de plis. Ce point dépend de la sensibilité de chacun. Un ourlet vous permettra de régler ce paramètre à votre goût. Izy.

Un vêtement polygame, ou polyvalent, je sais plus le mot

Le chino est mettable avec tout. En plus de faire plaisir grâce à sa facilité d’achat, il fait le boulot à fond en pouvant s’intégrer à toutes les tenues. Cette phrase qui pourrait être entendue dans un télé-achat matinal est vraie.

Plutôt que de vous décrire tous les styles que vous pouvez arborer, une sélection de photos de mecs portant le chino fera tout aussi bien le boulot. C’est pas que, mais au Melting Potes on est de sacrés branleurs, donc la moindre aide picturale nous faisant économiser des mots sera utilisée à souhait.

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Alessandro Squarzi pour Articles of Style.
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Encore lui, dans un style différent pour Mr Hunter.
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Porter un chino clair en hiver, avec un manteau clair. Par Lookastic.
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La une de Clutch, un magazine japonais. Pas besoin d’en rajouter.
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Nick Wooster, chino clair avec sa classe habituelle.
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Toujours lui, avec une tenue plus estivale. Ça marche toujours.
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Max Poglia, pour Bailee Wolf. Un style brut.

Après cette série de photos il parait évident que le chino s’intègre avec tout. Les teintes sont souvent sobres, mais associées avec des vêtements plus forts, comme la cravate orange de Nick Wooster, ou le blouson de cow-boy de Max Poglia.

Ok, mais quelles couleurs ?

Bon là c’est selon moi le seul piège qui pourrait vous faire tomber dans le ridicule. Je ne saurais que trop vous conseiller de choisir des couleurs simples, telles que le bleu, le beige ou le kaki. Il y a de nombreuses nuances, avec lesquelles vous pourrez vous amuser.

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Pas de risque avec un chino bleu. On remarquera que le chino est utilisé comme une base sobre pour faire ressortir les détails extravagants des bretelles, tatouages et des tassel loefers à semelle crantée. Photo de Lookastic

Je vous rappelle qu’on est encore dans l’éducation des basiques, donc on ne s’enflamme pas de suite et on ne prend pas trop de risques niveau couleur. Et surtout on ne demande pas l’avis de maman qui, parce qu’elle a vu dans la rue de nombreux jeunes de votre âge se trimballer en chino prune, vous conseillera de tout cœur de vous en procurer un. Ouais, je parle d’expérience. Donc c’est pas parce qu’une majorité d’étudiants suit la tendance sans trop se demander s’ils le devraient que vous devez le faire.

Évidemment, je ne bannis pas ces teintes. Mais ça doit être maitrisé. Et porté avec des trucs jolis. Pas un tee-shirt bleu trop grand et des baskets grises.

Une petite sélection pour choisir un chino, c’est KDO

Je vais comme pour les tee-shirts procéder par gammes de prix. Mais comme l’offre est fournie, que pas mal d’enseignes proposent des trucs raisonnables, je ne vais pas vous faire une sélection aussi garnie que pour les tee-shirts. Ce sont donc quelques idées de marques, dans lesquelles vous pourrez piocher. Cliquez sur les images qui vous plaisent, vous tomberez sur la page produit.

Un truc pas mal pour moins de 50€

Comme je l’ai dit plus haut, pas besoin d’énormément de moyens et de techniques pour faire un chino qui tienne la route. Donc pur moins de 50€ on peut trouver des chinos pas dégueux.

  • H&M : Et oui, chez H&M, le diable malin de l’industrie textile, l’ogre de la fast fashion, on trouve les chinos les moins chers du marché pour une qualité qui n’a pas à rougir. J’en ai quelques-uns de chez eux, ça me rend triste de dire ça mais ils tiennent les années et ne m’ont jamais lâché. Alors que j’ai essayé des chinos chez Celio, Jules et consors, et ils n’ont jamais tenu plus de deux ans. En plus de ça les coupes sont pas si mauvaises, donc réellement une bonne alternative. Attention néanmoins à bien choisir le chino, il y a aussi quelques merdes à 15€.

H&M

  • Uniqlo : Dans la même veine que chez H&M, le géant japonais fait du travail propre, pour un prix tout à fait intéressant. Pour 40€ vous aurez un chino de qualité supérieure à ceux de chez H&M, qui voyagera avec vous sans se crever.

uniqlo

Un truc sérieux pour moins de 100€

  • Carhartt : Evidemment, la marque est experte en matière de chino, et avec sa patte workwear c’est une référence. Attendez-vous par contre à des coupes un peu plus amples. Mais c’est le style qui veut ça. Eh ui. Vous aurez à débourser entre 80€ et 100€ pour un chino, qui durera à coup sûr une bonne décennie.

carhartt

  • Balibaris : Pour 100€ tout rond vous avez un truc nickel, avec des détails soignés, bien caractéristique de cette marque. L’offre n’est pas pléthorique, mais est largement suffisante pour trouver son bonheur.

Balibaris

Un truc cher pour plus de 100€, mais qui fait la différence

  • Norse Projects : Pas besoin de vous présenter cette marque à la philosophie et aux designs scandinaves. Ils offrent une qualité toujours au rendez-vous, avec la plupart des détails qui font le plus que j’ai énumérés précédemment, et des coupes parfaites. Pour 115€ vous aurez un chino qui sort de l’ordinaire et d’une qualité excellente.

norse-projects

  • A.P.C. : Encore une fois, une marque bien connue du public pour son excellence. Les chinos sont dans la logique d’A.P.C., indémodables, efficaces, élégants. Il vous faudra compter 160€, le prix nécessaire pour accéder au top.

A.P.C.

Quand vient le temps de conclure

Je ne vous le fais pas découvrir, mais ces quelques lignes écrites par ma pomme sont bien la preuves que le chino est le meilleur ami de tout un chacun. Il est facile à porter, ne demande pas de se casser la tête pour trouver le chino ultime et est largement plus agréable que le jean en été. En plus de ça il ne fait jamais la gueule.

L’image à la une a été tirée de Pause Magazine.

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