10 morceaux et à peu près 40 minutes : c’est le temps qu’il m’a fallu pour redécouvrir Metronomy, un groupe qui s’était fait la malle de mon iPod depuis quelques temps. Pour mon deuxième article pour le Melting Potes, j’ai choisi de taper dans l’actualité (la vrai, la croustillante). À la fois connu et confidentiel, la musique aux accents pop de Metronomy fait partie de mes playlists depuis un bout de temps sans que je me soit réellement penché sur leur univers. Certains crient au génie, d’autres au « déjà entendu », là n’est pas la question. Ils sont de retour ! Leur album Summer 08 vient de sortir et risque de faire bouger notre Summer 2016 à nous. J’ai donc choisi de mettre les mains dans le cambouis et de vous partager tout ça (pas le cambouis hein). Et comme on ne va pas commencer par la fin, on va commencer par le commencement.
Le commencement
Dans une bande de pote, quand on papote musique, il y a toujours échange, voire confrontation des goûts et points de vue (c’est le but). Souvent, une bonne âme altruiste dit : « Tu connais ce groupe ? Je l’ai découvert il y a pas longtemps, c’est pas mal du tout ». Et souvent, il y a le gros relou hipster qui va répondre « Bien sur que je connais, je les suis depuis leur début en 1850, mais ça a changé c’est devenu trop mainstream ». Traduction : « T’es à la ramasse, j’écoute de la bonne musique et toi de la merde ». Voilà pourquoi je doute de la véracité des propos de ceux qui disent suivre Metronomy depuis leurs débuts, en 1999. Et oui ! Le groupe, qui à l’époque n’en était pas un, est né à Totnes (Devon, UK) par l’initiative de Joseph Mount, actuel leader du groupe.

À l’époque, on parle pas mal d’électro, de house, de french touch et de Daft Punk qui commencent à surfer sur la vague du succès (1997, Homework). Tout cela donne des idées à Joseph Mount, qui en parallèle de plusieurs projets musicaux anonymes, bidouille ses synthés et boites à rythmes, un peu comme le fait Anderson .Paak aujourd’hui. Joseph joue de la batterie, ce qui l’aide pas mal quand il compose pour obtenir des bases rythmiques intéressantes. Après avoir déniché son nom de scène, « Metronomy », qu’il choisit par symbole pour la science du rythme , il est rejoint par Oscar Cash et Gabriel Stebbing pour découvrir le live et tenter de percer à Londres, the place to be quoi.
Pas de chant au programme, excepté quelques samples, de la musique brute et des mélodies électriques qui annoncent déjà le virage électro-pop que prendra le groupe 2 ans plus tard. Les idées sont là et la musique assez expérimentale. Peut-être un peu trop pour ce jeune trio qui malgré une popularité en hausse, peine à décoller à la sortie de leur premier album, Pip Paine (Pay The £5000 You Owe), sous le label Holiphonic.
Cet album n’est pas mon favori, loin de là, mais certains morceaux méritent d’être écoutés.
Arrive 2008, l’âge d’or de Myspace (ça fait has been de dire ça non ?), dont Metronomy se sert beaucoup pour se promouvoir. Le groupe, encore bien jeune, profite des soirées londoniennes et construit son réseau.

Grâce au très (très très) bon Nights Out, second album enregistré en home studio, Metronomy se greffe sur un sous-genre musical né à l’époque : la Nu Rave (ou New Rave si vous préférez). Petite parenthèse donc, sur ce courant anglais qui mélange essentiellement rock, hip-hop, electro et funk. Outre le côté esthétique et les couleurs flashs un poil psychédéliques affichées par les artistes du mouvement, ce courant so 2008 se caractérise par son Melting Pot (je vais la faire à chaque fois, je vous préviens !), se rapprochant du dance-punk américain (oui ça existe… ). Klaxons, CSS, Blooddy Beetrots et bien sur Metronomy en sont les portes drapeau.
Heartbreaker, la première musique de Metronomy qui soit arrivée à mes oreilles. La basse funky embrasse parfaitement le chant de Joseph Mount, qui assume désormais sa position de chanteur-leader.
En 2010, le départ en apparence anodin de Gabriel Stebbing est en fait synonyme de renouveau pour la groupe. Anna Prior (une fille à la batterie, j’adore !) et Olugbenga Adelekan (la basse et la classe) rejoignent le projet pour un troisième album totalement fou. Celui du genre à vous faire passer à la TV toute les semaines, jouer aux quatre coins du monde, comme à Glastonbury ou bien à Coachella, devant 50 000 personnes… The English Riviera sort et vient bousculer la pop anglaise de la dernière décennie. Cet album tubesque nous offre un son lice, bien produit, et une esthétique minimaliste, classieuse à souhait. Un peu à l’image du clip de The Bay, l’un des singles promu à la sortie de l’album.
Au passage, content de voir la petite veste Members Only portée par Joseph Mount, un must have des années 80 !
S’en suit une tournée interminable de deux ans et demi, où j’ai réussi à les voir en live 2 fois en six mois sans faire plus de 100 kilomètres. Un repos bien mérité s’impose pour les membres du groupe, sauf Joseph, infatigable et plein d’idées. Il compose alors l’album Love Letters en 2014. Les fans sont pris à contrepied et ne s’attendaient pas à un tel virage, à une telle maturité. Les avis sont mitigés mais il faut reconnaitre l’audace du groupe qui sort ici un quatrième album surprenant, sans tomber dans le syndrome du vinyle rayé. Toujours pop, un peu moins électronique, Love letters tire sur le psychédélisme, les refrains 60’s et la soul.
La notoriété n’est plus à faire, nous sommes maintenant en 2016 et Metronomy cumule 10 « vraies » années carrières. C’était peut être le bon moment pour le groupe de revenir sur ce qui a fait son succès : la spontanéité et l’électro-pop. L’album Summer 08 est sorti au début du mois mais l’idée même de le sortir trainait dans la tête de Joseph Mount depuis pas mal d’années. Avec 5 albums, il y a de quoi faire si on veut analyser un peu leur musique. C’est ce que j’ai tenté de faire, avec une petite préférence pour le dernier opus. Et oui, l’actualité !
La musique de Metronomy
Après m’être fait leur discographie entière en trois jours, 3 caractéristiques m’ont sauté aux oreilles. Le leadership de Joseph Mount, les influences (principalement 80’s) du groupe, et le son qu’ils ont construit au fil du temps.
Joseph, un leader pas comme les autres
Effectivement, Metronomy est un groupe, mais il ne serait rien sans Joseph Mount, son leader et principal compositeur. Je ne connais pas exactement la part de travail des autres dans le processus de création ou d’arrangement de la musique. Mais ce qui sûr, c’est que Mount fait beaucoup de choses dans son coin. Love Letters, leur quatrième production dont je vous ai parlé, a été entièrement composée et écrite par Joseph Mount lui même. Enregistré au studio Toe Rag (un studio à l’ancienne, sans ordinateurs ou presque), l’album est bien plus personnel que les autres, notamment dans l’écriture. Parce qu’il est surprenant mais qu’il faut vraiment l’écouter, un petit extrait à suivre.
Joseph se décrit comme quelqu’un de plutôt introverti, et ne parle pas du live et des tournées comme l’aboutissement de son travail d’artiste. Une forme de complémentarité s’est donc installée dans le groupe. Il qualifie ses copains comme plus « charismatiques », ce qui lui enlève beaucoup de pression sur scène.

Vous l’aurez deviné, c’est un travailleur et perfectionniste acharné. Il a même le don de transcender ses collaborateurs et tirer le meilleur de leur(s) talent(s) (ou les rendre moins mauvais… ). Son amie Robyn, invitée sur le morceau Hang me Out to Dry de Summer 08 en est l’exemple parfait. Si vous ne savez qui est Robyn, asseyez vous, ça va bien se passer.
Qu’est ce que j’avais dit ?
Seconde petite parenthèse : non, elle ne porte pas des talons de 50cm, non, elle n’est pas mal habillée, non, sa chorégraphie n’est pas préparée mais totalement spontanée, non, elle ne se roule pas parterre comme un gamin de 6 ans à la gym (à 1min35s, sympa vous verrez), non, sa voix n’est pas doublée toute la chanson et non… en fait si elle danse la Tektonik (pour de vrai)… Même si la vidéo date de 2011 et qu’il y prescription (ou pas), ce qui fait le plus mal à mon petit coeur de batteur, c’est de voir 2 mecs faire un poum tchak sur des batteries à 3000 balles avec un petit oiseau dessus. Quand je parlais du talent Joseph Mount… Bref, revenons à nos oiseaux !
Les influences
Chez Metronomy, on affectionne avant tout la musique électronique. Et quand je dis « électronique », je ne parle pas d’ « électro », cette soupe servie froide sur la plupart des radios généraliste, et encore moins des DJ’s payés des millions pour appuyer sur play.

C’est le côté électronique des années 80 qui m’intéresse ici. Et parmi les nombreux morceaux aux influences 80’s du groupe, Old Skool, présent sur le dernier opus, en est l’exemple parfait. D’ailleurs, en plus de la typographie assez explicite de la pochette de Summer 08, si on retourne le 08, ça fait 80 ! Breh breh ! Outre son nom, le morceau montre clairement que Joseph Mount et ses acolytes regardent souvent leurs rétroviseurs et sont en quelque sorte dans le sillage de leurs prédécesseurs. Puis bon, il y a quand même Mix Master Mike des Beasty Boys qui scratch aux platines dessus. Avec ça, fermez les yeux et vous êtes dans les années 80 !
Je suis pas sur qu’une analyse du clip soir judicieuse, par contre, je peux vous dire que le mec aux cheveux longs à lunettes c’est l’acteur qui joue Eddisson Trollet, le pote de Jon Snow dans GOT, et ça c’est cool !
Mais attendez, ce petit synthé en fil conducteur de la chanson me dit quelque chose…
Trouvé ! Je rêve pas, c’est un clin d’oeil sympa au groupe mythique New Order, n’est-ce pas ? Alors, même si les influences sont parfois évidentes, le groupe s’est forgé une réelle identité, notamment dans leur manière de traiter le son.
Un son Prop
Pour cette sous-partie, j’ai choisi de me la jouer académicien et d’inventer un mot. En vrai, je ne me suis pas cassé la tête : « Prop » veut simplement dire de manière plus fun que Metronomy possède un son qui lui est « propre » tout en restant « pop », mais pas « propre ». Vous me suivez ? Si je vous ai perdu, vous pouvez toujours essayer de vous perdre encore plus sur le net à chercher la définition (inexistante) de ce mot.

Plus sérieusement, l’atmosphère et le rendu sonore sont caractéristiques du groupe. Ils arrivent à remplir le spectre sonore, qu’on les écoute au casque ou bien branché sur des enceintes. Pourtant, leur son est terriblement sec. Parfois, on dirait une mise à plat d’enregistrement. La musique n’est pas noyée d’effets, de réverbération (même si j’adore ça) et les voix sont très bien travaillées. Vous l’aurez compris, je trouve que ça rend terriblement bien.

Au passage, ça me fait penser au son d’un autre groupe que j’affectionne particulièrement : The Whitest Boy Alive. Rien a voir dans le style, à part peut-être le groove de la basse. Mais au Melting Potes, on est comme Vanish, on fait du 2 en 1, et vu qu’on aime vous faire découvrir des choses, voici un extrait.
Attardons nous un peu sur Summer 08. Joseph Mount avoue lui même, dans une interview récente accordée à Libé, avoir « essayé de reconnecter avec le Metronomy classique ». Un regard sur leurs propres expériences passées qui se transcrit en musique dansantes, qui sonne bien comme Nights Out (2008). Beaucoup de titres pourraient être des tubes en puissance s’ils étaient produits de manière standard. Certaines sonorités distordues, parfois dissonantes et loufoques, viennent systématiquement s’inviter au milieu d’un ensemble pop parfaitement huilé. Prenons l’exemple de Back Together : une guitare hachée, une voix nonchalante et des harmonies inédites qui se mêlent parfaitement à un duo basse-batterie minimaliste et dance à souhait. Ici, on est loin du combo (ou du fléau, ça dépend comme vous le voyez) Fa/Sol/La/Mi/Do utilisé à toutes les sauces par Pitbull ou je ne sais qui.
En non-avertis, on peut trouver ça « cool » mais on se dit vite qu’il manque un truc. Et là, BOUM. 2min10s, une petit changement mélodique auquel tu ne t’attends pas tombe comme un billet de 500 balles du ciel et t’emporte définitivement jusqu’a la fin du morceau. Metronomy c’est ça, et je dirais que les écouter, c’est un peu comme apprendre la frustration en étend gamin : t’es pas content sur le moment mais tu finis généralement par comprendre le pourquoi du comment et remercier tes parents (ou Metronomy du coup).
L’instant « j’ouvre mon petit coeur »
Pour tout vous dire, je pourrais trouver un morceau favori pour chaque facette musicale de ce groupe. J’ai choisi d’en sélectionner une sur Summer 08. Si vous découvrez Metronomy en lisant cet article (n’est ce pas Hans ?), vous pouvez tout à fait commencer en douceur par cet opus, pour progressivement remonter sur les origines musicales du groupe, la pilule passera mieux !
Note de Hans : Dixit le gars qui comprend « Jay Z » quand je parle de G-Eazy… Et ça se prétend amateur de musique…
Note de Julien : Wééééééééé
J’adore ce morceau car il est plein de références. Il sonne en hommage à une époque révolue. Une époque où le Kid de Minneapolis (aka Prince) et Michael Jackson se seraient réunis pour un morceau, et ou les Daft Punk de Random Access Memories seraient venus poser leur synthétiseur et leur effets.
Composé avec pour seule base une boucle de batterie, il n’aura fallu que quelques claviers et des voix entêtantes à Metronomy pour nous offrir ce beau morceau. Je ne rentrerai pas dans une analyse car il est 4h du matin au moment ou j’écris, je suis fatigué et je me rends compte que le nombre de mots que comporte l’article s’accroit au fur et à mesure que j’écris… Bizarre !

Ecrire cet article fût pour moi un réel plaisir, et j’espère qu’il en sera de même pour vous à sa lecture. Dans le paysage de la pop moderne, il n’est pas rare de voir des groupes continuer d’écrire et de composer de manière fonctionnelle après avoir atteint le succès. Metronomy ne voit pas les choses de cette manière et c’est ça qu’on aime chez eux.
Ils ne sont pas là où on les attend. Bientôt on pourrait même les voir jouer dans des mariages tiens… Ah non c’est déjà fait ! Joseph Mount dit d’ailleurs s’être éclaté à l’union d’un ami en reprenant du Taylor Swift, rien que ça…
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Au fait ! La photo d’en-tête : © indiepoprock.fr !