L’importance de l’éclectisme

v pour vendetta

Aujourd’hui j’enclenche la machine à ouverture d’esprit. Bon théoriquement c’était pas à moi d’écrire cette semaine. Mais Hans est pris par installation sur Paris, donc c’est moi qui prend le relai. Ça c’est un bon copain. J’en profite pour écrire un article qui ne sera pas didactique ou analytique, mais une réflexion sur l’éclectisme. On croit en l’importance de l’éclectisme et ce blog en est la preuve.

Des « Grands Hommes » le sont

Je commence par l’argument qui me semble le moins légitime. Car selon moi ce n’est pas parce qu’un « grand Homme » a fait quelque chose qu’il faut absolument vouloir lui emboiter le pas. Mais bon, je crois que c’est parfois inspirant de regarder ce que font les gens qui « réussissent ».

D’Aristote à Elon Musk

N’en déplaise à e-penser, Aristote était un grand esprit. Bon il a contribué à brouiller les pistes dans le domaine scientifique pendant des centaines d’années en ayant affirmé quelques conneries. Mais, il n’en reste pas moins un scientifique majeur de l’antiquité. Sauf que le bougre, après un rapide coup d’œil sur Wikipédia, s’est intéressé à la physique, la métaphysique, la biologie, l’éthique, la politique, le langage, la logique, la poétique, la rhétorique. C’est par exemple lui qui a énoncé la célèbre affirmation « L’Homme est par nature un animal politique« , ou même, attention au coup de maître : « Qui peut le plus, peut le moins« .

On peut aussi penser à Blaise Pascal, de quelques siècles le cadet d’Aristote. Vous le connaissez sûrement pour ses Pensées (1671), ou alors parce qu’il a cédé son nom à la célèbre Université Blaise Pascal de Clermont-Ferrand. D’ailleurs il parait qu’il était bourré le jour de l’inauguration. Mais le gars, avant de devenir philosophe et théologien, était un mathématicien de renom. Il s’est intéressé à la géométrie (il s’est donc senti obligé d’écrire un théorème), puis à l’arithmétique (il s’est alors senti obligé de donner son nom à un triangle. Quelle audace).

triangle de pascal
Je vous jure que ça a une utilité, mais je m’en souviens plus…

Comment ne pas parler de l’homme que beaucoup de gens admirent (un peu trop ?) religieusement pour son génie. C’est d’ailleurs assez agaçant, toutes les vidéos sur Youtube de ces « fans ». Des vidéos comme ça, ça, ou ça. Mais faut dire que le mec le cherche bien. Il n’y a qu’à voir sa chaine Youtube. Dieu sait que je n’aime pas cette vision simpliste de la réussite, à coup de phrases inspirantes à la con avec des musiques de fond motivantes. Mon cul oui. Bref, si vous avez cliqué sur les liens, vous savez que je parle d’Elon Musk. Probablement l’entrepreneur ayant connu le plus grand nombre de succès : c’est lui même qui a lancé PayPal, Tesla Motors et SpaceX.

Autant dire que c’est une brute. Et ce qui est intéressant dans son parcours c’est que ces trois entreprises sont spécialisées dans 3 domaines différents. PayPal c’est de l’informatique, Tesla de l’automobile et SpaceX du spatial. Ce qui est d’autant plus intéressant c’est qu’à chaque fois il s’est investi entièrement dans le secteur en question pour en devenir un expert mondial. Il ne s’est pas contenté d’investir du fric dans les idées des autres. Par exemple pour SpaceX il s’est formé et fait maintenant partie des experts mondiaux du spatial. Ce qui lui voue une admiration sans limite de ses supporters. « Oh il est trop fort ce mec, j’veux trop être comme lui ». Ta gueule !

homme pas content
Comment tu me parles toi ?

Enfin, je vais me la jouer Konbini, je vais parler de Kanye West. J’aime la musique de Kanye West. Pas tout ce qu’il fait mais j’aime beaucoup. Car c’est créatif. Et ce que j’aime surtout c’est quand il mélange tout. Il mélange les influences (Otis Redding, James Brown, Queen pour ne citer que les influences hors rap), les styles (il suffit d’écouter Welcome to Hearthbreak et Bounds 2 à la suite) et les moyens d’expression (musique, vidéo, mode et twitter héhé). Il arrive même à citer des idées de Jean-Jacques Rousseau sans le faire exprès. Ça m’a bien fait rire. C’est la pluralité de son œuvre, sa complexité qui la rendent belle. Car au lieu d’avoir plusieurs œuvres distinctes, le résultat est une œuvre globale.

kanye-nicki
I love you like Kanye loves Kanye

Néanmoins pas une raison de cultiver l’admiration béate

Mais qu’à cela ne tienne, assez-t-il tout étant, ces personnes ne doivent rester que des influences, au mieux des inspirations. Car les admirer, leur vouer un culte fait perdre tout le recul qu’on peut avoir. Et donc créer un déséquilibre. Tous ceux qui admirent Elon Musk ou Steve Jobs en ne voyant que la réussite de leurs produits perdent la notion de complexité, et ne se focalisent que sur un seul champ d’action. Ils veulent être les nouveaux Steve Jobs. Inventer le nouveau Blabla Car, le nouveau AirBnB. Dans le milieu des start-ups pas un ne rêve pas d’obtenir cette réussite. Pas un ne se demande si c’est vraiment sain, quelles peuvent les conséquences sur le monde, du point de vue social, économique, environnemental, éthique, etc.

Et cet abrutissement vient simplement du manque de richesse de leurs influences. Le problème c’est que ça crée un effet boule de neige. Il est bien plus facile de convaincre ses proches de s’investir dans un concept simpliste que de faire un travail complexe et global. J’ai pris l’exemple des entrepreneurs, mais ça marche dans tous les domaines. Admirer béatement mène au monothéisme des influences. Et le problème du monothéisme c’est qu’il n’y a qu’une seule parole divine.

chapelle sixtine
Une petite idée de la parole divine par un peintre inconnu

Apporte une vision globale

On passe donc aux vrais arguments. Pas l’argument bébête du : « Eh regardez, il est beau, il fait ça, donc si on fait ça, on sera beau ! Ouiiiiiiii ! »

Avoir conscience

Donc je disais quelques lignes plus haut que se focaliser sur une seule version des faits est malsaine. Ce qui est assez logique. C’est pourquoi avoir une approche multiple des choses de la vie permet de bien comprendre les tenants et les aboutissants. Avoir un point de vue global. Selon moi, se contenter de focaliser son intérêt sur une seule chose est comme marcher dans la rue en ayant les yeux sur son téléphone. Déjà c’est dangereux, car on peut se prendre un poteau ou marcher sur une merde de chien. Je crois que je préfère largement le poteau. Mais le plus grand problème c’est qu’en faisant ça on n’a pas conscience du monde qui nous entoure.

taj mahal
C’est quand même con de rater cette perspective pour regarder le score de la France à l’euro sur son iphone je crois

Se limiter à un seul centre d’intérêt, par exemple le sujet de ses études, c’est se priver de la conscience du monde autour de soi. Ce n’est pas parce qu’on a besoin de consacrer beaucoup de temps à quelque chose, donc typiquement le sujet de nos études ou de notre boulot, qu’on doit refuser l’élargir son champs de vision. Tout le monde est cramé le soir quand on rentre d’une grosse journée. Tout le monde est tenté de se poser et de regarder un con qui parle fort et qui a un rire aigu faire le guignol. Mais bordel en faisant ça on perd l’essentiel ! On grille notre espace-temps (limité askiparé) à perdre des neurones. C’est moyen comme situation.

Alors que quand on est à l’affut, sans beaucoup plus d’effort, mais en agissant intelligemment on muscle notre conscience de ce qui nous entoure. Il suffit d’éteindre la télé. Capital et Zone Interdite le dimanche soir c’est fini. On peut se divertir autrement. Ne serait-ce que Youtube, si on évite certaines chaines (qui ont le même fond de commerce que TPMP) c’est d’une richesse infinie. Après on peut lire des articles (félicitations, vous en lisez un théoriquement), comme des livres.

zone interdite
Ouaip, c’est agréable de regarder des reportages sur les vacances au Cap D’Agde d’une famille, mais on a mieux à faire

Ce qui nous amène à prendre conscience. Et refuser de laisser d’autres choisir à notre place. En en sachant un peu plus sur la nutrition et l’alimentation, on arrête de gaver les industriels (#nestle), et on bouffe mieux pour sa santé. Quand on en sait un peu plus sur la politique, qu’on a de légères bases en économie, qu’on a multiplié les points de vue, on apprend à mieux comprendre la politique.

Mélanger les influences

Je pense qu’on est assez nombreux à marcher comme je fonctionne : quand j’agis je pense souvent à ce que penseraient ce qui comptent pour moi. Que je les connaisse ou que je ne les connaisse pas. En résumé, mon cercle d’influence. Car si je les compte parmi mes influences c’est que je tiens à ce qu’ils sont, ce qu’ils incarnent et ce qui les incarnent. C’est souvent comme ça que la famille que notre cercle d’amis nous fait progresser. J’ai appris la tolérance, le débat, l’écoute en parlant avec mes potes. J’ai appris l’attachement, l’amour, la bienveillance avec ma chérie et ma famille. Enfin, j’ai appris l’anglais avec Dora.

dora
Yes we did it

Mais ce cercle proche n’est pas le seul qui peut influer sur nous. Il y a aussi tous nos mentors qu’on ne connait pas mais qui ont bâti notre personnalité, nos valeurs, nos connaissances, et notre vision. Et c’est en les multipliant qu’on arrive à tendre vers la personne dont on aimerait être fier. Et on sort du totalitarisme de l’esprit, on multiplie les sources. On fait la moyenne.

C’est une loi mathématique assez simple. Plus on fait d’expériences, plus on a de chance de tomber dans le mille. C’est comme ça que fonctionnent ceux qui analysent l’audience à la télé. Ils ne savent pas quel pourcentage de la population a regardé tel ou tel programme. Mais ils ont un panel qu’ils représentent assez large et représentatif pour leur donner un ordre d’idée des tendances sur la population. Si on demande à 100 personnes de donner la température de la pièce, même sans avoir de thermomètre la moyenne sera extrêmement proche de la réalité.

gaussienne
Si on trace l’estimation des températures des 100 personnes ça nous donnera une courbe qu’on appelle Gaussienne. Plus on se rapproche de la température réelle (μ), plus le nombre d’estimations sera grand

Multiplier les influences est donc une sorte de système de régulation de nos actions. A l’instar des boucles de régulation du corps humain que j’ai décrites dans l’article sur la méthode Lafay, nos influences nous permettent de nous demander à chaque instant si on est dans la direction qu’on veut prendre.

Permet de sortir du cadre

Penser différemment

Une fois qu’on a réussi à sortir de la spécialisation à outrance, qu’on arrive à avoir une vision grossière mais globale du système dans lequel on vit, on n’a plus le nez dans le guidon. Donc si on se prend une bosse on ne se pètera pas le nez. Et ça c’est quand même un sacré bon point. En règle générale on est tous dans un système qui ne favorise pas la réflexion. C’est un fait que tout le monde a accepté, et qu’on ne peut pas changer. C’est le problème des choses qui sont établies, elles ont trop d’inertie, et vouloir les changer du tout au tout est une perte de temps et d’énergie. Et tout le monde sait que l’énergie est égale au produit de la puissance et du temps. Moyen mémo-technique, l’énergie a pété (P.t). Je divague.

vague

Donc quand on arrive à se sortir de la routine quotidienne qui nous pousse à réfléchir toujours moins, on est capable de penser différemment. Pas pour se faire mousser. Mais pour améliorer les choses. Pour penser en dehors du cadre pré-établi. Ce qui équivaut à ne plus accepter de se faire manipuler. On sait que tout autour de nous est vecteur de manipulation, donc on est capable d’en éviter le plus possible. Mais inévitablement, à force de se faire matraquer que le pays va mal, qu’on a besoin de croissance, que le dollar singapourien est rose, et qu’on a besoin de s’acheter un macbook pro, ben on finit par fléchir. Quelques fois.

Reprendre le pouvoir

C’est là qu’arrive le but ultime du délire. Grâce à tous les éléments précédents, on arrive à se dire qu’on est capable de reprendre le pouvoir. On reprend d’abord le pouvoir sur ce qu’on consomme. Car c’est l’étape la plus facile et la plus évidente. On apprend donc à manger mieux, à acheter mieux, à favoriser par nos achats ce qui nous semble le plus juste et éthique.

Le Melting Potes
C’est à peu près ce qu’on fait par exemple avec la catégorie sur la mode

Mais alors que certains (ceux qu’on appelle injustement les bobos parisiens, alors que c’est pas leur faute, ils sont conditionnés culturellement, et ils ont une bonne volonté en majorité) s’arrêtent à cette étape de la consommation, il faut reprendre le pouvoir sur notre esprit qu’on nous a capté tôt dans notre enfance. Là encore il ne faut pas accabler le système éducatif français, s’il en est là c’est qu’il est le plus efficace en étant le plus économe en efforts pour le pouvoir. Donc on se sort de nos conditionnements culturels, on dit non au culte de la souffrance pour « réussir », on dit non aux évidences, et on dit non à ce qui nous semble évidement vrai.

Il nous semble par exemple aujourd’hui évidemment vrai que la politique est une perte de temps, qu’on vivra mieux si on la laisse aux autres. A tous ceux qui pensent ça, ce n’est pas en quelques mots qu’on peut leur enlever cette idée de la tête. Il y a tout le cheminement précédent à faire. Puis il y a un livre à lire : Le capitalisme est-il moral ? d’André Conte-Sponville.

le capitalisme est-il moral
Petit bouquin des familles, lu en moins d’une semaine, ça mange pas de pain

N’être expert en rien n’est pas grave

Au final j’arrive au bout de ma réflexion en me disant que l’éclectisme est le premier pas pour vivre une vie riche et plus complexe. On peut décider de vivre une vie simple sans recul, sans réflexion. Ça peut même rendre heureux j’imagine. Qui sait, les autruches prennent peut-être leur pied quand elles enfoncent leur tête dans un terrier à lapin alors qu’une Jeep conduite par un mec bourré arrive à pleine vitesse dans leur direction.

Mais il existe une alternative. Celle qu’on choisit de vous partager chaque semaine dans notre blog. Comme vous l’aurez compris, nos sujets en représentent qu’une partie de ce qu’amène l’éclectisme. L‘éclectisme prend sa source dans la multiplicité de sources, et on n’en est qu’une infime petite source, aussi fine qu’un jet de pisse. Sur ce joli dernier mot, je conclue en disant que ce n’est pas grave de n’être expert en rien et de ne pas changer radicalement la face du monde comme l’ont pu faire Einstein ou Turing.

einstein
« J’ai mal à la tête… »

C’est d’ailleurs une bénédiction, seule une infinitésimale partie de la population en a les moyens. Nous avons la chance de pouvoir vivre sans pouvoir sacrifier notre vie à d’innombrables migraines. La physique quantique ça fait mal à la tête, je vous jure. On peut alors se permettre de consacrer notre vie à essayer d’améliorer la notre et celles de eux qu’on aime.

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Photo à la une tirée du site toutlecine.challenges.fr, vous avez évidemment reconnu que c’est tiré du film V pour Vendetta. Reprenons le pouvoir. Hihi

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